User:Liberlogos/On Language

From Independence of Québec
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Le problème de la langue. ...la langue française telle qu'on la parle ailleurs, et la langue française telle qu'on la parle chez-nous, et qui s'appelle le joual. Évidemment, vous avez beaucoup entendu parler d'unilinguisme français, en particulier, par nos adversaires. ...et ça a pu vous donner une fausse idée de ce que nous proposons, de ce que pourquoi nous nous battons.

Monsieur Lesage, par exemple, se fait fort de dire: "Même la France n'est pas unilingue française"... ce qui est stupide. La France est unilingue française. ...comme l'Angleterre est unilingue anglaise, la Suède unilingue suédoise, le Mexique unilingue espagnol. ...et il est évident qu'en France, on travaille en français, on gagne sa vie en français, on gouverne en français, on étudie en français, on dépense son argent en français. Quoi qu'en pense monsieur Lesage, la France est unilingue française. Ce qui n'empêche pas beaucoup de Français de parler anglais, allemand, chinois, japonais. Ce qui n'empêche pas les Français d'avoir des relations internationales. ...de commercer avec le reste du monde. ...de faire de la politique internationale. Mais les Français, comme les Anglais, comme les Suédois, comme les Mexicains, se sont placés dans une situation normale: ils ont accordé toute la priorité à la langue de la majorité.

Or, ce que nous proposons, c'est de faire la même chose au Québec. Nous, les Canadiens français, nous formons plus de 83% de la population du Québec. Or, la langue utile, la langue nécessaire, chez-nous, c'est l'anglais. On se demande parfois comment il se fait que nous parlions joual. ...et évidement, il y a toujours des gens pour dire: "C'est la faute au système d'éducation". Non. La raison principale pourquoi nous parlons mal, c'est que la langue française chez-nous n'est ni utile, ni nécessaire.

Un menuisier a une égouine, s'il ne s'en sert pas, il ne l'affinera pas. Bien, un Canadien français a une langue, s'il ne s'en sert pas, il ne l'améliorera pas. Il va plutôt tenter d'améliorer la langue qui lui sert, l'anglais. ...et c'est anormal. Pas un peuple du monde n'accepte une pareille situation sauf nous.

Évidemment, certains vous [?] diront: [?] (2:35) "Être billingue, c'est être supérieur!" Oui, [?] en théorie, c'est vrai. ...parler deux, trois, cinq, dix langues, c'est être supérieur; en théorie. Mais en pratique, dans notre situation, alors que nous sommes forcés de parler la langue de la minorité pour gagner notre vie et [?] (2:50) pour dépenser notre argent, être billingue, ce n'est plus être supérieur, c'est être esclave. Nous sommes des esclaves sur ce plan-là. ...parce que nous sommes forcés de parler la langue de la minorité dans notre propre pays.

Évidemment, quand nous parlons de langue, il ne s'agit pas pour nous de faire du sentiment, ce n'est pas pour écrire un poème, ou [?] (3:12) une chanson, ou une pièce de théâtre. Cela aussi, c'est important, mais ce n'est pas à cela que nous pensons. Pour nous, la langue, c'est une question de dollars et de cennes. Je pense à cet homme, à Saint-Henri, à Montréal, qui un jour [?] (6:20) vient me voir après une assemblée et me dit: "Monsieur Bourgault, je suis marié, j'ai 45 ans et j'ai cinq enfants. Ça fait trois fois en un mois qu'on me refuse un emploi parce que je ne parle pas anglais." Il dit: "Vos discours, c'est bien beau, mais ça ne mène nul part... donnez-moi un fusil." ...et c'était pas un jeune fou qui s'embalait pour rien. Seulement cet homme, parce qu'il ne pouvait pas gagner sa vie dans sa langue maternelle, le français, au Québec, dans son propre pays... et bien, il crevait. C'est pas du sentiment, qu'il faisait. Pour lui, c'était une question de vie ou de mort, la langue française.

Pour combien d'entre nous est-ce une question de vie ou de mort? Combien parmi vous ont dû se voir refuser un emploi parce qu'il ne parlaient pas anglais? Combien parmi vous ont dû se faire [?] (4:19) refuser un emploi, ou une promotion, parce qu'ils ne parlaient pas suffisamment anglais, qu'ils n'étaient pas parfaitement bilingues, ou tout simplement parce qu'ils étaient Canadiens français?

Je vais vous raconter ici ce que j'ai raconté plusieurs fois depuis un mois, et qui est un exemple frappant de notre situation de colonisés, ici-même, dans notre pays, au Québec.

[...à transcrire...]